Libération, 15 juillet 2009

Consulter l?article

 « Dictionnaire des orientalistes de la langue française » de François Pouillon. (dir.)

IISMM-Karthala, 1007 pp., 49 euros.

Il fut un temps où «les spécialistes de l?Orient étaient solennellement accueillis dans les plus hautes institutions académiques du pays». Depuis un demi-siècle, l?orientalisme a perdu tout crédit : «Pour avoir accompagné l?entreprise coloniale, il est condamné comme forme et moyen non de connaissance, mais de domination.» En somme, voici le Panthéon de cette longue et étrange histoire que fut la fascination de l?Orient, où l?on croise savants, missionnaires, diplomates, militaires, mais aussi journalistes, écrivains, peintres et cinéastes. L?entrée «Flaubert» montre comment l?Orient est au c?ur de la conscience du XIXe siècle, que ce soit comme voyage initiatique, idéal esthétique, vertige spirituel et pulsion érotique. «Aucune polarité axiologique ne subsiste dans cet Orient somptueux et cauchemardesque où s?imposent l?indifférence de la Nature, et aussi une Histoire qui est de l?ordre de l?infini, de l?incommensurable, d?un irrationnel radicalement antihumaniste.» L?entrée «Michel Seurat» rappelle que le chercheur moderne paye parfois au prix fort d?avoir su décrire les mutations de sociétés arabes - son concept d?asabiyya, «esprit de corps», «fait désormais partie de la boîte à outils des spécialistes de la région». Seul regret, pourquoi une telle pruderie à propos du maréchal Lyautey, dont la passion à la fois administrative et spirituelle pour l?Orient se complétait d?une dimension homosexuelle réduite ici à l?étrange formule : «Un homme passant pour être homophile» ?


Peut-on être plus clair que nous ne l'avons été à propos de la dilection de Lyautey en matière de m?urs ? Etait-il indispensable de citer le mot de Clemenceau? http://www.lorrainegay.com/nancy/dossiers/Lyautey01.html
Concernant plus généralement les rapports entre orientalisme et homosexualité, l'auteur de la chronique devra se contenter des articles Darien (sur les biribis), Gide bien sûr, et aussi Tranchant de Lunel. À notre décharge, s'il fallait faire un point sur la question des "orientations", toutes catégories confondues, on aurait plus vite fait de dénombrer les orientalistes qui n'ont pas eu de rapports sexuels avec des indigènes.



haut de page