BOMPARD Maurice

(Rodez, 1857 – Paris, 1936)

Peintre orientaliste

Formé à l’École des Beaux-Arts de Marseille puis à Paris auprès des peintres Gustave Boulanger et Jules Lefevre, il s’oriente d’abord vers des scènes de harem imaginaires, avec gardes du palais et odalisques aux chairs blanches voluptueusement abandonnées à la proximité d’hommes noirs musculeux. On note là l’influence de Benjamin-Constant*, avec en décors quelques réminiscences architecturales d’un  voyage en 1882 en Espagne (Harem à Grenade) et en Tunisie (Le boucher tunisien). Alors qu’une critique assez peu favorable lui reproche alors de saturer son Orient « de rouges et de bitume » peu plaisants, tout change à partir du salon de 1890 avec son premier succès, Les bouchers de Chetma, évocation de cette petite oasis située à proximité de Biskra, qu’il a découverte à l’occasion de son voyage de noces en Algérie, en 1889. De 1889 à 1893, profitant comme beaucoup d’autres artistes du confort de la station d’hivernage, Bompard séjourne chaque année à Biskra, en faisant des ruelles de Chetma son atelier privilégié.

À l’Orient fantasmé et à l’académisme de la peinture d’histoire succèdent l’éclaircissement de la palette chromatique vers le blanc, l’ocre et l’orange, sous un ciel bleu immaculé ; un travail sur la matière beaucoup moins lisse et un sens modeste de l’observation sont rendus possibles par ces séjours prolongés au Sahara : le peintre d’atelier s’est transformé en peintre voyageur. Refusant les gros plans et toute attitude de portraitiste confinant à l’évocation des « types », Bompard campe son Ouled Nail dans un espace respectueux et multiplie des vues extérieures en disposant vieillards et enfants à une distance tout aussi respectueuse. Avec Une rue de l’oasis à Chetma (1890), on le sent proche de Girardet* et plus encore de Guillaumet*, également installés à Biskra. Le refus de scènes spectaculaires et d’un réalisme photographique par trop appuyé finit par donner à son œuvre une discrétion très honorable qui l’éloigne aussi de préoccupations d’ordre ethnographique. Les petits formats peints sur bois dématérialisent encore plus la lumière, résumant souvent les enfants biskris à leurs seuls bonnets rouges. Mais la multiplication des copies qu’il réalise pour une clientèle démarchée lors d’expositions orientalistes et coloniales lui impose parfois une rapidité d’exécution qui nuit à la finition de certaines œuvres. En 1893, Bompard participe à la création de la Société des peintres orientalistes, mais c’est aussi l’année où, se sentant menacé lors d’un voyage à El Kantara, il décide de ne plus retourner en Algérie. Il est alors devenu ce peintre de Venise qu’il restera jusqu’à la fin de sa vie, ce qui va lui assurer un renom et une aisance bien supérieure.  

Michel Mégnin

Maurice Bompard, voyage en Orient [catalogue d’exposition], Musée de Rodez, 2013.



haut de page