Quatre ans exactement après sa parution, nous arrivons à la troisième édition, cette fois entièrement refondue, de notre Dictionnaire. Qu’y a-t-il de neuf dans ce volume, et quel bilan provisoire tirons-nous de l’entreprise ?
Nous avions pris pour règle que l’on n’entrait dans ce Panthéon qu’après sa mort. Nous avons donc fait une place à un certain nombre de figures importantes disparues au cours des quatre dernières années ; nous avons aussi essayé de réparer l’injustice faite à quelques autres laissées de côté faute de chroniqueurs, situation à laquelle, hélas, nous n’avons pas toujours pu remédier.
Nous ne visions de toute façon pas l’exhaustivité1, et un millier d’entrées – mille et une pour être précis, ce qui était conforme à notre objet – nous paraissait constituer un nombre significativement important. Mais cela ne pouvait permettre de rendre justice à tous. Notre but était plutôt de procéder par échantillonnage, en veillant à ce que tous les genres et toutes les espèces, si l’on peut dire, fussent représentés. Sans doute nous reprochera-t-on encore de ne recenser qu’un nombre réduit de femmes ou d’indigènes : cela sanctionne un état de fait et, même en pratiquant à leur endroit une sorte de discrimination positive, fût-ce pour montrer à quel point ils avaient été minorés et marginalisés, il était impossible d’en trouver une proportion arithmétiquement acceptable. On nous reprochera aussi (en tout cas certains collègues, qui trouvaient que leurs intérêts sectoriels étaient mal servis, nous l’ont reproché) de faire la part trop belle aux spécialistes du monde arabe, ou de l’Islam méditerranéen, ce qui s’explique pourtant très naturellement : nous sommes tributaires de notre réseau, et celui-ci, comme notre échantillon, montre bien ce qui reste le centre de gravité des études orientales en France.
Rappelons un autre principe, auquel nous sommes très attachés : les notices sont signées, et nous aurions aimé que chacune d’elles fût l’occasion non de célébrer, mais d’évaluer et de discuter la portée qui avait été, dans son contexte, celle de l’œuvre considérée2. Rappelons encore que, nous rapportant à l’usage, nous ne prétendons pas partir d’une définition métaphysique de l’orientaliste, même pas de celle du Dictionnaire des idées reçues de Flaubert : « Homme qui a beaucoup voyagé », tant il est vrai que beaucoup, et certains parmi les plus grands, ne sont pas sortis de leur chambre3. Rappelons enfin que nous parlons de tous ceux qui ont contribué, à des degrés divers, à accumuler des informations et des savoirs sur les pays d’Orient, à construire des connaissances ou des représentations organisées de ces mondes, à les populariser par les moyens de la diffusion scientifique ou de la vulgarisation, et bien sûr à inscrire l’Orient dans l’imaginaire français, sous des formes infiniment variées.
Reconnaissons que notre entreprise était, à l’origine, beaucoup plus ambitieuse que ne le laisse supposer cette collection de notices individuelles. Car nous nous étions mis vaillamment en campagne, avec la prétention de rendre compte de l’ensemble des dynamiques et des périodisations qui se dégageaient des constellations formées par les notices : spécialités (langues rares, histoire des civilisations, peinture, musique, littérature, archéologie, ethnologie, création vestimentaire et décoration, etc.), aires culturelles (monde arabo-musulman, Inde, Chine, Asie centrale, etc.), grands chantiers scientifiques, sociétés savantes et institutions les plus diverses. Au moment de la récolte, ne vinrent finalement à terme que des notices biographiques personnelles et un certain nombre de notices consacrées à des revues4. Nous aurions encore voulu, dans une de ces préfaces qui font date, abstraire la grande histoire de cette accumulation de savoirs. Cela n’a pas eu lieu et, dans les discours préliminaires que nous avons rédigés, malgré d’évidentes convergences, nous n’avons pas cherché à dégager une ligne commune mais plutôt à souligner des positions essentiellement critiques.
C’est toutefois d’un commun accord que nous nous inscrivions en faux contre un discours récurrent qui enfermait les orientalistes dans une essence d’agents scientifico-culturels occidentaux au service d’une entreprise de domination. À cet égard, ce dictionnaire a démontré, sur un échantillon consistant, que les relations entre les orientalistes, les institutions universitaires et celles relevant de la sphère politico-militaire, étaient d’une nature infiniment diverse ; que les promotions dont ils étaient gratifiés ou les pouvoirs qui leur étaient éventuellement conférés furent également très variables ; et que leur opinion même sur l’entreprise coloniale et les sociétés indigènes couvrait un spectre très large – le discours le plus virulent contre la pratique coloniale n’étant souvent que le revers d’admonestations colonialistes, l’ensemble visant à rénover et à sauver le système5. La diversité de ces acteurs, qui éclate au gré de ce millier de notices, montre que, au-delà de cette évidence selon laquelle il existe une corrélation entre les savoirs et les pouvoirs, cette corrélation ne signifie pas nécessairement vassalisation. La question de la domination n’est nullement frappée d’obsolescence, mais elle ne doit pas fonder une entreprise de (mé)connaissance caractérisée par le schématisme.
C’est le lieu de rappeler que L’Orientalisme de Said est un mauvais livre ; qu’il a non pas, comme on le lit souvent, relancé le débat sur l’orientalisme, mais qu’il l’a plutôt bloqué, parce qu’il a été souvent brandi comme certain petit livre rouge, donnant lieu parfois à une désolante vulgate, et que le mouvement – on devrait dire plutôt la mouvance – orientaliste s’est ainsi trouvé ridiculement figé dans une formule essentiellement idéologique produite par une vision parfaitement unilatérale des choses. À tous ceux qui ont rêvé de soumettre les orientalistes à cette lecture réductionniste, le Dictionnaire des orientalistes de langue française inflige un solide démenti mais aussi une preuve humoristique : la diversité des situations est telle, l’extravagance des parcours individuels si baroque, qu’il ne s’est pas trouvé, en quatre ans, un seul lecteur pour repérer la fausse notice que nous avons glissée dans notre collection, conformément à une tradition établie dans des entreprises de ce genre, y compris les plus sérieuses ; malgré les facéties que nous nous sommes plu à y accumuler, elle ne devait pas se signaler par une étrangeté particulière.
Une fois l’ouvrage publié, il s’est agi de voir comment, et sur quels terrains, nous pouvions prolonger notre sillon.
Une première idée a été de dépasser la dimension malgré tout hexagonale à laquelle nous nous étions limités, tout simplement pour nous fixer un objectif accessible. Nous avons envisagé de lancer une entreprise scientifique d’ambition internationale, et d’abord européenne, qui aurait consisté à examiner, selon les mêmes critères ou à peu près, ce qu’il en était des autres orientalismes. Il importait d’abord de dresser un bilan des orientalismes anglais (ou anglophone) et germanique – ce dernier souverainement ignoré par Said –, deux espaces fondamentaux de la discipline, qui ont eu des histoires significativement différentes, notamment dans le registre des rapports à l’institution « publique », fort différents de ce qu’ils étaient en France. L’Espagne, le Portugal ou la Grèce, puissances européennes qui ont connu pendant des périodes importantes de leur histoire une domination musulmane, ce qui crée une communauté autant qu’un front, et qui ont ainsi élaboré des versions spécifiques de l’orientalisme, auraient été appelés aussi à retenir notre attention. Enfin, nous devions envisager l’étude des orientalismes émergents dont l’histoire a été notablement plus courte, et généralement post-coloniale : c’est le cas des nouvelles métropoles américaine, japonaise, canadienne ou australienne ; c’est aussi celui, bien sûr, des périphéries qui portent l’héritage orientaliste et sa réinvention, à partir de grands foyers universitaires du Sud, et qui contribuent d’ailleurs ainsi à faire éclater la polarisation Orient/Occident. Ce projet d’un dictionnaire général de l’orientalisme n’était pas impensable. Il excédait cependant, à l’évidence, notre potentiel institutionnel6. Mais surtout, nous soupçonnions que, probablement, il ne prouverait rien de plus que ce que nous avions déjà établi et que, s’il devait nous fournir d’autres pièces à conviction, il ne renouvellerait pas notre regard.
C’est donc vers une démarche plus incisive que nous avons été conduits pour changer la perspective du débat et le terrain d’enquête, celle qui consistait, précisément, à nous situer après l’orientalisme, c’est-à-dire en aval de ce dont nous avions traité dans le Dictionnaire, et en laissant derrière nous, autant qu’il était possible, l’encombrant ouvrage de Said. Nous voulions en effet prendre à rebours cette idée d’un « Orient créé par l’Occident7 » et nous préoccuper, avec L’Orient créé par l’Orient8, de ce qui se passait de l’autre côté du miroir. Le Dictionnaire nous fournissait d’ores et déjà d’abondants matériaux sur l’histoire de la participation des « Orientaux » à la construction de l’orientalisme, la façon dont ils furent utilisés au titre d’informateurs, de contributeurs, de correspondants ou d’intermédiaires, le rôle qu’ils jouèrent alors même qu’ils étaient cantonnés dans des positions subalternes, interdits d’accès aux fonctions plus prestigieuses auxquelles ils auraient toutefois pu prétendre – mais Bourdieu a montré qu’il fallait plusieurs générations et des degrés intermédiaires pour passer d’un ouvrier agricole du Béarn à un professeur au Collège de France.
Nous avons pu aller plus loin avec la réunion d’un colloque international « L’orientalisme et après ? Médiations, appropriations, contestations », à l’EHESS en juin 2011. Ce colloque a donné lieu à plusieurs publications, dont le recueil Après l’orientalisme. L’Orient créé par l’Orient9.
Celui-ci constitue un prolongement naturel et distancié de notre Dictionnaire. Car il nous fallait dépasser résolument l’analyse des représentations de l’Orient et de leur cadre institutionnel ou politique, dépasser donc le mouvement né de l’exigence de « décoloniser l’histoire » – selon la formule de Mohammed-Chérif Sahli, qui date de 1962 – et qui avait pris la forme de la critique de la science coloniale, de la « vulgate coloniale » – formule de Charles-Robert Ageron cette fois.
Cela avait été fait bien avant l’ouvrage de Said10, sous forme d’une critique idéologique d’abord qui consistait trop souvent à dire – immense découverte – que, dans les productions d’époque coloniale, on avait quelque chance de trouver des formulations de caractère colonialiste11. Le travail s’était déplacé ensuite vers l’étude des acteurs et mouvements de la recherche. Sans cette cohorte de travaux, qui constituent aujourd’hui encore le soubassement de nombreuses enquêtes12, le Dictionnaire n’aurait évidemment pu voir le jour. Autant dire qu’il venait à son heure, mais comme l’aboutissement d’une démarche collective. Dans cette dynamique, le rôle de Jean-Claude Vatin, qui avait impulsé une série de travaux collectifs13 à partir des lieux où il officiait (Aix-en-Provence, Le Caire, Oxford, Princeton), dans lesquels il associait à part égale des intellectuels venus de part et d’autre de l’Atlantique, comme de part et d’autre de la Méditerranée, avait été considérable.
C’est donc très naturellement que nous avions remobilisé dans notre entreprise ce Cincinnatus de l’orientalisme, retiré depuis sur ses terres briardes.
Cette démarche allait trouver des développements importants dans divers travaux remarquables d’historiens professionnels. Lucette Valensi, dans son ouvrage Mardochée Naggiar. Enquête sur un inconnu (Stock, 2008), nous en a ainsi livré une belle réflexion, issue en partie de sa participation à l’élaboration de ce Dictionnaire, assortie de quelques considérations décisives : sur la marge de liberté que laissent les sociétés aux destins individuels ; sur la manière dont un « indigène », membre d’une communauté marginale, ici celle des Juifs de Tunis, a pu élaborer une trajectoire remarquable grâce à ses relations avec le monde savant de l’orientalisme européen ; sur la nécessité aussi de dépasser le caractère univoque de la notion de domination et de réévaluer la capacité d’agir (la fameuse « agency ») des membres des sociétés et des cultures dans lesquelles intervenaient, avec une brutalité variable, les Occidentaux. Romain Bertrand, de son côté, dans L’Histoire à parts égales. Récits d’une rencontre Orient-Occident (Seuil, 2011), produit un travail exemplaire avec une étude de l’impact de l’arrivée des Hollandais dans le monde de l’Insulinde au tournant du XVIIe siècle, en confrontant les sources et les traces de l’événement, non plus unilatéralement mais cette fois de part et d’autre. Enfin, pour nous offrir un instant le luxe d’un décentrement radical en direction de l’occidentalisme, citons le livre de Richard White, Le Middle Ground. Indiens, empires et républiques dans la région des Grands Lacs, 1650-1815 (Anacharsis, 2009), dans lequel il montre comment Européens et Indiens ont réussi à construire vaille que vaille, à travers consensus et conflits, un monde commun qui, pour avoir été relativement éphémère, n’en est pas moins riche d’enseignement.
Ces travaux ont en commun de souligner l’importance des groupes médiateurs – chrétiens, juifs, transfuges de tous ordres, migrants en tous sens, voyageurs et marchands, représentants locaux des puissances, colons, conseillers techniques et autres coopérants14 – qui conduit à remplacer la frontière entre Orient et Occident par toute une série de positions intermédiaires ou transitoires, par une chaîne sociologique faite de connivences et de trahisons, de pillages et de transferts illégaux, illégitimes ou braconniers, qui rendent possible le passage et le transfert de modèles, de connaissances, de patrimoines, etc.
La thèse de Said se limitait à l’axe Sykes-Picot, c’est-à-dire aux interventions franco-anglaises au Moyen-Orient. Sans doute les empires français et anglais constituèrent-ils un cas exemplaire et même extrême d’imbrication entre domination et encyclopédisme, mais l’étude des aventures coloniales des autres métropoles européennes impliquait, comme on l’a dit, d’autres périodisations, et donc d’autres articulations. C’est ce qu’illustre le cas de l’Allemagne, dont la contribution décisive à l’orientalisme fut précoce, mais très largement privée et indépendante de l’Empire ; il en va de même pour l’Italie et l’Espagne, évoquée ci-dessus. Lorsqu’on se penche sur d’autres empires qui entretiennent un rapport beaucoup plus intime avec leur Orient, tout est différent et néanmoins étonnamment identique : ainsi le mépris, la réification des périphéries, des minorités, des marges, se retrouve avec une surprenante constance. Les cas de la Chine ou de la Russie, méthodiquement analysés, donnent une figuration toute différente, celle de la domination culturelle d’un espace beaucoup plus imbriqué, interstitiel, vicinal en quelque sorte15, que l’Orient lointain (aussi lointain que l’Antiquité gréco-latine, ce qui signifie qu’il ne l’est pas tant que ça) du Racine de la préface de Bajazet. Citons encore l’Empire ottoman, qui partageait l’islam et nombre d’usages afférents (des ablutions à l’écriture arabe) avec ses Bédouins, et n’en entretenait pas moins avec eux un rapport de domination coloniale, ce qui lui permet d’incarner une version tout à fait originale du rapport entre culture et impérialisme.
La partie la plus consistante et la plus novatrice de notre travail a toutefois consisté à analyser la façon dont les savoirs et les représentations, les objets mêmes, ont été finalement hérités et réappropriés par ceux qui n’en étaient pas, à l’origine, les destinataires : les ruines vénérables et des pans considérables de passés nationaux d’abord récusés qui sont passés pour ainsi dire sous administration nationale (ce qui changeait fondamentalement la donne), mais aussi tout le capital de recherche sur les langues, l’histoire et les faits de civilisation, les collections et patrimoines muséographiques naguère reconstitués et redéployés dans les grands musées d’Europe et d’ailleurs, que l’on s’attachait désormais à reconstituer sur place. L’entreprise de récupération obéissait bien sûr à une logique nouvelle : la variété des inflexions locales qui avaient été accumulées et collectionnées dans une perspective encyclopédique par les orientalistes était en quelque sorte allotie et recentrée sur les patrimoines nationaux ou ethniques constitués après les indépendances. Les antiquaires et commissaires-priseurs le savent bien : dans les ventes de peinture orientaliste qui se multiplient depuis les années 1980, les Libanais achètent des toiles représentant le Liban, les Algériens celles qui montrent l’Algérie (et en particulier celle du peintre Dinet), les Turcs celles qui traitent de la Turquie, et les Qataris tout ce qui représente le monde de l’Islam, à condition qu’il n’y ait pas de femmes nues dans les alcôves. Mieux encore : les figurations autrefois dénoncées comme des « croûtes orientalistes », et certaines confinent en effet à la caricature, sont reprises et recréées comme des éléments d’une identité nationale que l’on s’applique à reconstruire, voire à réinventer. Cela se fait bien sûr au prix de quelques adaptations, qui permettent de présenter ces œuvres comme des témoignages « authentiques », ce qui leur vaut d’être reproduites par des légions de copistes, et reprises par l’imagerie des manuels d’histoire, des affiches patrimoniales, des boîtes de confiseries nationales, etc. Dans cette perspective, la question de l’orientalisme n’est plus prisonnière d’un procès, elle ne se réduit plus à une confrontation de frères fatalement ennemis (« choc des civilisations » oblige…) mais devient la pierre de touche d’un processus d’ensemble où se créent et se recréent, entre les périphéries et les centres multiples où elles se réfléchissent, des savoirs et des représentations. La perlaboration de ces objets – pensons aux tapis, aux céramiques, aux meubles en bois incrustés, etc. – et de ces savoirs à travers le parcours sinueux qui conduit de la domination à l’affirmation de soi, à la légitimité et à la folklorisation par le tourisme et le musée, conduit aussi d’une « esthétique du divers16 » à une identité recentrée. Après avoir analysé l’ensemble de ces processus nous avons quand même la conviction de rendre les choses dans un autre état que celui où nous les avions trouvées.
Signalons, pour finir, un effet collatéral, mais pas insignifiant, de cette entreprise studieuse.
Aucun d’entre nous, avant ce travail, ne pensait à se présenter comme un « orientaliste ». Il s’est produit là ce qu’il advient souvent de ces noms frappés d’indignité qui en viennent pourtant à retrouver de ce fait même un certain prestige, parce que l’on est tenté de les reprendre et de les brandir envers et contre tous, par simple provocation17. Cette exhibition d’emblèmes onomastiques est le fait, en somme, de toute tribu18. Notre travail confère désormais à ce terme, à nos yeux, une consistance telle que nous en sommes tout naturellement venus à le reprendre pour nous-mêmes, bien que nous n’ayons des orientalistes d’antan ni l’immense érudition linguistique et historique, ni d’ailleurs la naïveté de nous rêver comme des acteurs d’un pur encyclopédisme. Sans doute le geste nous permet-il de montrer que, si nous n’avons nulle raison de nous sentir comptables des errements ou des compromissions que l’on peut lire dans la vie et l’œuvre de divers protagonistes de l’orientalisme, nous avons toutes les raisons de revendiquer, évidemment de manière critique, un legs : nous ne sommes pas les héritiers de positions politiques – quelles qu’elles soient – mais de démarches de questionnement sur des terrains qui n’ont pas cessé d’exister. Nous sommes bien, en ce sens, des orientalistes.