(Neuilly, 1875-1957)
Cartographe au Maroc.
Fils de vicomte, optant pour la carrière militaire, il se passionne très vite pour la géographie. Il adhère à la Société de Géographie de Paris en 1892 et, après une formation de topographe, il est affecté en 1895 en Algérie. Il y rejoint le Service Géographique, où il est chargé de rassembler les connaissances cartographiques sur le Maroc, au moment où la colonie commence à s’intéresser au pays voisin. Il peut ainsi donner en 1897 une carte générale de l’Empire chérifien au 1.000.000e, en deux feuilles, trois ans après celle publiée par le Service Géographique de l'Armée grâce au travail d’Henry de Castries* et d’Alfred Le Chatelier*. Pour ce premier travail de compilation, Flotte de Roquevaire a pris en compte toutes les nouvelles données disponibles, notamment celles recueillies par les officiers de la Mission Militaire Française. Il rentre alors en métropole où il obtient sa mise en congé de réserve ; il tente une éphémère expérience dans la banque, mais très vite, il reprend ses travaux outre-mer et publie au tournant du siècle une carte hypsométrique du Maroc qui mentionne 3 600 points côtés. En 1902, devenu Chef du Service Cartographique d’Alger, il parcourt lui-même le pays lors d’un grand périple de reconnaissance en bled-makhzen : il se rend à Rabat, Meknès et Fez, avant de regagner Tanger, son point de départ. En 1904, il peut ainsi faire paraître sa fameuse Carte du Maroc à l’échelle du 1.000.000e en quatre feuilles : étape dans l’histoire de la cartographie marocaine, cette carte, qui connaîtra de nombreuses rééditions. Flotte de Roquevaire y a intégré les reconnaissances et les levés que le capitaine Larras a exécutés sur plus de 8 500 kilomètres entre 1900 et 1903, ainsi que les premiers travaux de Segonzac*. Il avait par ailleurs été chargé de traiter les itinéraires ramenés par l’explorateur à son retour, rédigeant la « Note cartographique » accompagnant les Voyages au Maroc que Segonzac fait paraître en 1903. En 1904, il prend part à la fameuse expédition conduite par le marquis, avec la responsabilité de travaux topographiques, cartographiques et astronomiques. C’est donc en technicien qu’il accompagne dans le sud du Maroc Paul Lemoine et surtout Louis Gentil*, avec qui il commence une coopération fructueuse. De novembre 1904 à avril 1905, il triangule ainsi la région de Marrakech et une partie du Haut-Atlas. Ce travail, exécuté dans des conditions difficiles, se doit d’être salué malgré son caractère inévitablement provisoire: Flotte de Roquevaire ne pouvant faire la reconnaissance préalable indispensable à ce type d’entreprise, son travail se décidait chaque jour, « uniquement carte en main et d’après les renseignements indigènes », et était réalisé à partir de signaux naturels et d’instruments dont la plupart avaient été bricolés pour pouvoir être plus facilement dissimulés. Ce travail géodésique et topographique considérable a incontestablement préparé la cartographie régulière du Maroc qui sera entreprise dès le lendemain du Protectorat et fait de Flotte de Roquevaire un des représentants les plus fameux de la cartographie marocaine. En1906, il est ainsi décoré de la Légion d’Honneur « pour services rendus à la mission du Maroc ». Nommé Lieutenant en 1908, il est révoqué l’année suivante pour faute disciplinaire. Réintégré à sa demande en 1914, il regagne l’Algérie, puis la Tunisie jusqu’en 1916, date à laquelle il est déclaré inapte à faire campagne et employé à des tâches sédentaires. Mis à la disposition du Gouvernement Général de l’Algérie, il semble toutefois continuer à exercer ses fonctions de Chef du Service Cartographique, poste auquel on le retrouve jusqu’en 1939.
Aurélia Dusserre