CLERMONT-GANNEAU Charles

(Paris, 1846 – Paris, 1923)

Diplomate et archéologue du Proche-Orient ancien.

Orphelin de père, il est élevé sous la protection de Théophile Gautier*, et fait ses études au collège Sainte-Barbe et au lycée Louis-le-Grand, où il est condisciple de Gaston Maspero*. Licencié ès lettres, il fréquente de 1864 à 1867 les cours d’arabe, de turc et de persan à l’École des langues orientales vivantes*, en même temps qu’il apprend l’hébreu et s’initie à la critique biblique et à l’épigraphie sémitique auprès d’Ernest Renan* au Collège de France. En 1867, alors que Renan envisage de l’associer aux travaux du Corpus Inscriptionum Semiticarum qui se met alors en place, Clermont-Ganneau, poussé par la nécessité de gagner sa vie et celle de sa mère, s’engage dans la carrière diplomatique malgré son désir de se consacrer entièrement à la recherche sur la Phénicie, la Palestine et Jérusalem et de poursuivre ainsi l’œuvre de Renan. Nommé drogman chancelier à Jérusalem, il constitue un véritable réseau d’information et procède à de nombreuses explorations sur le terrain : c’est au cours de l’une d’elles qu’il découvre avec la célèbre stèle de Mesha et le plus ancien témoignage d’écriture alphabétique (CR de l’AIBL, 1870). L’inscription qu’il déchiffre ouvre un champ nouveau aux études sémitiques et l’introduit avec éclat dans le monde des orientalistes. Expert en antiquités sémitiques, il se fait une spécialité de la dénonciation des faussaires et en acquiert une grande réputation (Les Fraudes archéologiques en Palestine, 1885). Alors que le marquis de Vogüé*, lui-même diplomate et archéologue spécialiste du Proche-Orient, l’appelle auprès de son ambassade à Constantinople, Clermont-Ganneau préfère saisir l’occasion que lui offre en 1874 le Palestine Exploration Fund de conduire en Palestine une mission d’une année, au cours de laquelle il déterminera le site de Gézer (La Palestine inconnue, 1875). Il prend à ce moment la décision de s’installer à Paris, où, grâce au soutien de Renan et Vogüé, il inaugure à l’EPHE une conférence d’archéologie orientale(1876). Cela ne lui suffit pas pour abandonner la carrière diplomatique et, en 1881, il accepte le poste de vice-consul à Jaffa. Investi d’une mission d’exploration de la Phénicie, de la Syrie et de la Palestine : il acquiert pour le musée du Louvre de nombreuses antiquités mycéniennes, phéniciennes, juives, grecques et latines. En 1882, il devient secrétaire interprète au ministère des Affaires étrangères, puis consul de première classe, consul général et enfin ministre plénipotentiaire honoraire - fonctions qui lui permettent un séjour permanent à Paris où il assure son enseignement à l’EPHE et collabore au Corpus Inscriptionum Semiticarum, avant d’en devenir le président de la Commission de rédaction en 1916. Élu membre de l’AIBLs en 1889 et titulaire de la chaire d’épigraphie et d’antiquités sémitiques au Collège de France en 1890, il s’attache à la promotion des recherches au Proche-Orient et à la rédaction de ses travaux (Études d’archéologie orientale, 2 vol., 1880-1892). À partir de 1895, il entreprend de vérifier la place occupée par les Sémites en dehors du Proche-Orient et de recueillir les traces qu’ils ont pu laisser de Crète jusqu’en Égypte, où il choisit le site d’Éléphantine pour y trouver l’explication des manuscrits araméens qui y ont été découverts. Cette dernière expérience s’étant avérée décevante, il renonce au terrain et se consacre à l’organisation de la recherche : il concourt à la création de la revue Syria et à l’ouverture des fouilles sur le site de Doura Europos, dont la direction est confiée à Franz Cumont*. En 1919, il peut se réjouir de voir créées la mission archéologique permanente qu’il appelait de ses vœux depuis 1882 et l’École française d’archéologie qui est alors rattachée à l’École biblique de Jérusalem.

Ève Gran-Aymerich

INGHOLT H., « Bibliographie de Charles Clermont-Ganneau », Revue archéologique, 1923. CAGNAT R., « Notice sur la vie et les travaux de M. Charles Clermont-Ganneau », publications de l’Institut de France, 1924. CHEVALIER N., 2002, La Recherche archéologique française au Moyen-Orient, 1842-1947, Éditions Recherches sur les civilisations. Dic. Arché.



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