(Inishq, Mossoul, 1925 – Paris, 1980)
Théologien et islamologue.
Originaire de la minorité chrétienne de langue syriaque du Kurdistan irakien, il étudie la philosophie et la théologie chez les Dominicains de Mossoul, avant d’entrer dans la Compagnie de Jésus et de devenir professeur à l’Institut de Lettres Orientales de l’Université Saint-Joseph à Beyrouth. Sur les traces de Louis Massignon* et de Henry Corbin*, il se spécialise en mystique musulmane. Sa thèse sur le lexique technique des mystiques musulmans (Exégèse coranique et langage mystique, 1970), complète ses recherches sur un mystique andalou (Ibn ‘Abbâd de Ronda, 1333-1390 : Lettres de direction spirituelle, 1957, éd. augmentée 1974 ; Un prédicateur à la Qarawîyîn de Fès Ibn ‘Abbâd de Ronda, 1332-1390, 1961).
Par la suite, il réalise une édition critique, avec traduction, des Hikam d’Ibn ‘Atâ’ Allâh (1972), avant de publier Trois œuvres inédites de mystiques musulmans : Shaqîq al-Balkhî, Ibn ‘Atâ’, Niffarî (1973), tous ouvrages publiés à Beyrouth. Ses articles des Mélanges de l’Université Saint-Joseph disent assez l’ampleur de ses recherches : « Nouveaux fragments inédits de Hallâj » (1966), « Le Tafsîr mystique attribué à Ja‘far Sâdiq » (1967), « Textes mystiques inédits d’Abû l-Hasan al-Nûrî (m. 907) » (1968), avec introduction et notes, « Kitâb al-Tawâsîn » de Hallâj (édition critique d’après trois nouveaux manuscrits) (1972) et « Une correspondance islamo-chrétienne entre Ibn al-Munajjim, Hunayn Ibn Ishâq et Qustâ Ibn Lûqâ » (1981). Il y démontre que, contrairement à ce que soutenait Blachère*, les lectures allégoriques ou symboliques du Coran datent de ses premiers commentateurs et ne sont pas une invention tardive des soufis. Le langage de ces derniers est né de la rencontre entre la lecture du Coran et l’expérience spirituelle, qui se constitue dans un second temps son propre langage. Il meurt brutalement après avoir été élu en 1976 directeur d’étude à l’École Pratique des Hautes Études de Paris où il avait entrepris une recherche sur les figures bibliques dans la lecture mystique du Coran et une traduction des mawâqif de Niffarî. Son dernier cours à l’EPHE a porté sur le mystique maghrébin ‘Afîf al-dîn al-Tilimsânî (m. 1291).
Maurice Borrmans et Alain Messaoudi
« In memoriam » et bibliographie in Mélanges de l’Université Saint-Joseph, Beyrouth, 1984. Nécrologie par Daniel GIMARET, Annuaire de l’EPHE, section Sciences religieuses, 1979-1980, p. 33-38.