(Lyon, 1927 – Paris, 2009)
Égyptologue.
C’est dès le lycée Henri IV que Yoyotte, avec son camarade Serge Sauneron*, participe à un « club égyptien ». Il suit les cours de l’EPHE et, à 22 ans, il rentre au CNRS. En 1952, il est au Caire, pensionnaire d’un IFAO* qui connaît, du fait de la situation politique, une passe difficile : interdiction de fouiller, avant d’être mis sous séquestre au lendemain de la crise de Suez. L’essentiel de sa carrière va se dérouler à l’EPHE, où il est élu en 1964, sur une direction d’étude « Religion de l’Égypte ancienne », et au Collège de France, où il occupe de 1991 à 1997 la prestigieuse chaire d’égyptologie.
Sa mémoire combinée à des années de travail d’études des sources, de même que sa personnalité très marquée, encline aux sautes d’humeur, en font un personnage particulier au sein du monde un peu feutré de l’égyptologie française. Loin de rechercher les honneurs et les places, c’est d’abord un passionné. Doté d’une érudition impressionnante il est l’un des derniers égyptologues capables d’embrasser la plupart des branches d’une science que son développement fragmente toujours davantage. Se méfiant des synthèses trop généralisatrices, il est plutôt l’auteur de très nombreux articles présentant des analyses très détaillées. Il n’a ainsi pas souhaité se lancer dans une synthèse sur le Delta égyptien, sujet qu’il connaissait pourtant magistralement. Il travaille sur le 1er millénaire alors délaissé par ses prédécesseurs qui y virent une époque de décadence et de chaos synthétisée dans l’appellation « basse époque ». Jean Yoyotte montre que ce qu’il va appeler « époque tardive » constitue un moment encore brillant. Par l’étude des cultes des villages du Delta, il reconstitue patiemment la carte de cet espace en ressuscitant des noms retrouvés dans une documentation épigraphique considérable. En 1965, succédant à Pierre Montet* à la direction de la Mission française des fouilles de Tanis, il va démontrer, contre l’opinion de ce dernier, qu’Avaris, Pi-Ramsès et Tanis ne constituent pas les trois noms successifs d’une même cité, mais bien trois cités différentes. C’est par cet inlassable retour aux sources ainsi que par leur analyse critique qu’il donne ses lettres de noblesse à une géographie historique et religieuse de l’Égypte. Il participe également au groupe d’étude linguistique rassemblé autour de Marcel Cohen*.
Soucieux d’aller vers un public plus large, il collabore avec Sauneron au Dictionnaire de la civilisation égyptienne (Hazan 1959), que dirige Georges Posener*. L’ouvrage reste aujourd’hui encore un classique. Plus récemment, il coécrit avec Pascal Vernus le Dictionnaire des Pharaons (1988) et le Bestiaire des Pharaons (2005). Il est largement sollicité pour des conférences ou des interventions dans les médias. Enfin, on lui doit l’organisation de l’exposition Tanis, l’Or des pharaons au Grand Palais qui obtient en 1987 un succès considérable.
Éric Gady
ZIVIE-COCHE Christiane, « Nécrologie de M. Jean Yoyotte », Annuaire de l’EPHE, Section des sciences religieuses, 2011. PERDU Olivier, « Jean Yoyotte (1927-2009) », Revue d’Égyptologie, 61, 2010.