(Paris, 1920 – Paris, 2011)
Égyptologue.
Jean Leclant fait partie de ces égyptologues ayant pris goût à l’Égypte antique à travers la fréquentation des salles égyptiennes du Louvre. Ses études le mènent à une carrière des plus brillantes. En 1940, il entre à l’ENS. Pendant plusieurs années à Paris, il est formé par Jean Sainte Fare Garnot, Gustave Lefebvre, Pierre Lacau ou Pierre Montet. Agrégé de géographie en 1946, il entre au CNRS l’année suivante, avant d’intégrer en 1948 l’IFAO en tant que pensionnaire. Il poursuit ses recherches sur la XXVème dynastie éthiopienne et, en 1952, il est chargé de la création du Service des Antiquités de l’Éthiopie. La même année, il est diplômé de l’EPHE et il devient ensuite professeur à l’Université de Strasbourg avant de gagner la Sorbonne puis, en 1979, le Collège de France. Entre-temps, il est élu en 1974 à l’AIBL avant d’en devenir Secrétaire perpétuel en 1983.
Ses travaux scientifiques couvrent un champ très varié dans le domaine de l’égyptologie. Considérant que la philologie devait s’appuyer sur l’archéologie, il fait éditer à partir de 1951, dans la revue Orientalia, la chronique annuelle « Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan » destinée à informer très rapidement la communauté scientifique de l’existence de travaux archéologiques dans cet espace. Après Karnak, il fouille à Soleb en Nubie (Soleb, 1966-71). À Saqqarah, en compagnie de Jean-Philippe Lauer* puis d’Audran Labrousse (Mission archéologique de Saqqarah, 1972-1991), il étudie l’architecture des pyramides et travaille sur les relevés épigraphiques (Les textes de la pyramide de Pépy 1er, 2001). Spécialiste de la XXVème dynastie (Enquêtes sur les sacerdoces et les sanctuaires égyptiens à l'époque dite Éthiopienne, 1954) comme de la civilisation de Méroé, il fonde les Annales d’Éthiopie ainsi que la Meroïtic Newsletter. En 2000, sont publiés les 3 volumes du Répertoire d'épigraphie méroïtique. Il s’intéresse aussi à l’histoire religieuse, notamment à travers la diffusion des cultes isiaques en collaboration avec Gisèle Clerc (Inventaire bibliographique des Isiaca, 1972-1991). Il travaille aussi sur les objets égyptisants et dirige la thèse de Jean-Marcel Humbert sur l’égyptologie. Il veille à l’histoire de l’Institut en faisant rédiger le dictionnaire de ses membres (Le second de l’Institut de France, 1999-2001).
Au-delà des ouvrages destinés aux égyptologues, Jean Leclant s’attache à diffuser les connaissances scientifiques auprès du grand public, par exemple à travers les trois volumes de la collection L’Univers des formes (1978-1980), ou, plus récemment, le Dictionnaire de l’Antiquité (2005) dont il a assuré la direction. En fait, sa bibliographie est pléthorique, même si de nombreux titres sont le résultat de la direction d’un travail collectif ou, notamment à partir du moment où ses fonctions à l’Institut furent de plus en plus prenantes, préparés au préalable par certains collaborateurs. Ses préfaces, ouvertures de colloques et autres présidences de cérémonies officielles sont légions. Comblé des honneurs les plus divers, Jean Leclant possède la plupart des grandes décorations françaises, souvent dans des grades très élevés. Il est membre de nombreuses sociétés savantes françaises et étrangères, ainsi que d’académies étrangères. De par sa fonction de Secrétaire Perpétuel, il siège ou est représenté dans quantité de commissions très importantes dans le monde scientifique notamment archéologique, et, se qualifiant lui-même d’apparatchik dans ce monde scientifique, il y oriente fortement la recherche accordant des budgets et des postes (Institut de France, CNRS, Affaires Étrangères, établissements français à l’étranger, UNESCO, etc.).
Éric Gady
LECLANT Jean, Au Fil du Nil. Le parcours d’un égyptologue, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Paris, 2001.