(Paris, 1807 – Fontenay, Eure, 1869)
Voyageur, auteur de relevé imagé d’importants sites du Moyen-Orient, il aura ensuite une carrière au Louvre et aux Archives.
Fils d’un homme politique passionné par les beaux-arts, il étudie à l’université de Göttingen, où il reçoit une solide formation de classiciste. C’est avec ce père qu’il engage, en 1826, un long périple qui, sur le modèle du Grand Tour, le conduit en Grèce puis à Smyrne et à Constantinople, avant de sillonner la Syrie, visitant au passage un grand nombre de sites antiques, parmi lesquels Aphrodisias, Palmyre, Baalbek, Bosra. Il fait preuve à cette occasion d’une remarquable capacité à dessiner, relever les inscriptions, croquer paysages et monuments. Arrivé en Égypte après être passé par Jérusalem, et alors que son père rentre en France, Laborde décide de rester au Caire. Il y prend part à des fouilles aux Pyramides, s’initie à l’arabe, visite le Fayoum et Alexandrie et, surtout, prépare une expédition vers le Sinaï et Pétra que le Suisse Jean-Louis Burckhardt*, seize ans plus tôt, n’avait pu que traverser. Il s’associe pour cela à Linant de Bellefonds*, qui explore l’Égypte depuis une dizaine d’années et a noué de précieux contacts avec les tribus bédouines de la péninsule. En mars 1828, ils sont les premiers Européens à séjourner suffisamment longtemps (six jours) dans la capitale nabatéenne pour en relever les principaux monuments et en dresser une carte détaillée. Leur exploration peut être considérée comme la première mission archéologique à Pétra.
De retour en Europe en mai 1828, Laborde devient secrétaire de l’ambassadeur de France à Rome, qui n’est autre que Chateaubriand*, un ami de la famille. Cette fonction lui laisse néanmoins le loisir de travailler à la publication de ses notes de voyage : en 1830, commence à Paris la publication en fascicules du Voyage de l’Arabie Pétré. L’ouvrage, richement illustré de 69 planches lithographiées, révèle les Nabatéens au public occidental. Sensible à la valeur artistique de ces illustrations, le peintre écossais David Roberts (1896-1864), quelques années plus tard, mettra ses pas dans ceux de Laborde, reprenant les mêmes angles de vue avec, parfois, les mêmes erreurs d’interprétation. Nommé dans divers postes d’ambassades en Europe, Laborde n’oublie pas l’Orient auquel il consacre trois articles en 1833 : « Mœurs de l’Orient », « Magie orientale », « L’Orient et le Moyen Âge ». En 1837 commence à paraître, également sous forme de fascicules in-folio, la relation du Voyage en Orient, comprenant le Voyage de l’Asie Mineure et le Voyage de la Syrie. Il abandonne bientôt la diplomatie pour embrasser, à l’exemple de son père, une double carrière d’érudit et d’homme public. Il est élu à sa place député de Seine-et-Oise en 1841 et, en 1842, il lui succède même à l’AIBL. Rédacteur d’une liste impressionnante de monographies, d’articles et de rapports consacrés à toutes sortes de sujets, il se voit confier en 1847 la conservation du département des antiques du Louvre. Remercié en 1848, il est réintégré en 1849 comme conservateur du Moyen Âge, de la Renaissance et des Temps modernes. En 1857, il devient directeur général des Archives et y déploie pendant dix ans une intense activité couronnée, en 1867, par la création du musée des Archives, futur musée de l’Histoire de France. Nommé sénateur de l’Empire en 1868, il ne quitte la direction des Archives que quelques mois avant sa mort.
Si dans la carrière de Laborde le séjour en Orient n’occupe qu’une place limitée, les voyages qu’il effectue à l’âge de la formation le marquent durablement, comme en témoignent les nombreux articles ainsi que la correspondance nourrie qu’il continue d’échanger avec Linant de Bellefonds : les livraisons du Voyage en Orient s’échelonneront jusqu’en 1861 comme si, d’une certaine façon, Laborde se retenait d’y mettre un point final.
Pascale Linant de Bellefonds
Centenaire du musée de l’histoire de France. L’œuvre du marquis de Laborde aux Archives nationales, Archives nationales, 1968. AUGÉ Christian et LINANT DE BELLEFONDS Pascale, Pétra retrouvée. Voyage de l’Arabie Pétrée, 1828. Pygmalion, Gérard Watelet, 1994.