(Paris, 1867 — Paris, 1946)
Officier, administrateur colonial au Maroc puis en Syrie et au Liban.
Fils d’un médecin parisien, il décide très tôt de devenir officier : Saint-cyrien sorti dans l’infanterie de ligne (1888), il opte vite pour une carrière aux colonies. Au Soudan en 1894, il se fait reconnaître comme un officier d’avenir lors de la capture de Samory (1898), et rallie bientôt les troupes coloniales (1900). Affecté successivement à Zinder au Niger, en Oubangui-Chari en 1904, au Tchad en 1906, il est appelé en 1908 pour mettre un terme aux rezzous des Maures sur le Sénégal. Il pense dès lors que l’installation de la France au Maroc est inéluctable. En 1911, il rejoint la colonne d’occupation. Lyautey* le choisit pour diriger les combats sous les murs de Fès et l’élève au grade de général à l’issue du combat d’Hadjera el Kohila (1912). Comme tant d’autres, Gouraud tombe sous le charme d’un Résident du Maroc au faîte de sa puissance et, se revendiquant désormais comme « Marocain », adhère aux thèses et méthodes de son chef. Dans un monde colonial français traversé par la question du choix entre assimilation et association, Lyautey pense que le Protectorat doit s’imposer grâce à une alliance avec les notables locaux. En se faisant le défenseur du Sultan et du Makhzen, Lyautey peut alors combattre les dissidences au nom de l’islam. Très élitiste, sa vision politique tient compte aussi des moyens que la République met à sa disposition.
Après la Grande Guerre effectuée sur les fronts de Champagne et des Dardanelles, où il perd son bras droit, il rejoint le Maroc pour remplacer Lyautey devenu ministre de la Guerre (1917). Mais dès 1919, Gouraud est envoyé en Syrie et au Liban comme Haut-Commissaire. Dans un rapport de force peu favorable avec l’Angleterre il lui revient de justifier la présence française au moment où, à la SDN, on négocie les mandats. Il entreprend simultanément une guerre contre les nationalistes arabes emmenés par Fayçal, fils du chérif de La Mecque, et choisit de promouvoir une « mission de civilisation » par une politique patrimoniale centrée sur les fouilles archéologiques et la défense des arts indigènes. La naissance de l’Institut français d’archéologie (1920) permet de mener les premières fouilles à Qadesch, Oum-el-Amed et Tyr. Si on reproche encore à Gouraud d’avoir favorisé les vieux sites chrétiens aux dépens des sites arabes, on oublie avec quels moyens dérisoires il réussit à mettre au point un Service des Antiquités de Syrie (1921) qui allait vite s’imposer scientifiquement.
Il quitte l’Orient en 1923 pour devenir gouverneur militaire de Paris.
Julie d’Andurain
ANDURAIN (d’), J., Le Général Gouraud (1867-1946), un colonial dans la Grande Guerre, thèse d’Histoire, Université Paris IV, 2009.