CASTRIES Henry Marie de

(Paris, 1850 — Paris, 1927)

Officier, historien du Maroc.

Onzième enfant d’une famille qui en comptait dix-huit, Henry de Castries est rattaché aux Noailles par sa mère et aux Séran par son père. Par son mariage en 1880 avec la fille cadette du général Lamoricière, il devient propriétaire du château de Chillon. Le sang bleu coulant dans ses veines oriente en partie ses choix de vie.

À l’instar de ses cousins, Henry de Castries décide de devenir officier. Admis à Saint-Cyr en 1870, son intégration est retardée par la guerre. Engagé volontaire, il gagne ses galons de sergent avant d’intégrer l’École Spéciale militaire (1871-1873). Si on reconnaît son savoir-vivre, il se fait néanmoins repérer pour « son caractère peu fait pour la discipline militaire » Sa famille ayant demandé son envoi dans un corps disciplinaire, il est affecté aux tirailleurs algériens à Blida en 1874. Quand il prend ses fonctions il a néanmoins été admis à la Société de Géographie de Paris. Sa découverte de l’Algérie, du Sahara et des confins algéro-marocains se fera en effet à travers la pratique du levé par renseignement pour compléter les cartes et itinéraires de l’armée et de la société savante. Reconnu pour sa compétence cartographique, affecté aux affaires indigènes en Oranie (1878-1882), il se rapproche de ceux qui vont devenir les acteurs essentiels du protectorat marocain : Lyautey*, Foucauld* et Massignon* adoptant, comme eux, une approche plutôt islamophile et indigénophile.

Parallèlement, il s’enracine dans le terroir angevin. Adoptant dans son fief du Maine-et-Loire le ton d’un grand propriétaire terrien, il se fait élire conseiller général en 1884. Son opposition à la politique laïque du préfet le met en porte-à-faux avec sa hiérarchie : sommé de choisir entre son engagement politique et sa fonction militaire, il démissionne de l’armée en juillet 1887 et acquiert l’image d’un « fougueux clérical » cherchant à fédérer dans un même parti tous les catholiques de France.

Mais le Maroc lui manque, d’autant que son intérêt pour le catholicisme le pousse à étudier l’islam comme le fait au même moment son ami Foucauld*. À partir de 1896, il publie de façon régulière des ouvrages portant sur la religion musulmane et des opuscules attestant de son engagement en faveur d’une politique d’expansion coloniale vers le Maroc. Fort naturellement, il s’engage dans le Comité du Maroc en 1904. En 1910, Lyautey l’appelle auprès de lui à Tanger et le prend dans son état-major avec le grade de colonel. Dès 1912, Henry de Castries apparaît comme l’historiographe du Protectorat avec la publication des Sources inédites de l'histoire du Maroc dans les bibliothèques de France, des Pays-Bas, d’Angleterre et d’Espagne pour les dynasties saadiennes et filaliennes qui viennent s'ajouter aux Archives marocaines mises au point par la mission scientifique du Maroc. Réformé, il continue ses travaux dans le cadre de l’Institut historique du Maroc qu’il a créé en 1917.

Julie d’Andurain

FOUCAULD Charles de, Lettres à Henry de Castries, Grasset, 1938.



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