BABELON Ernest, Charles, François

(Sarrey, Haute-Marne, 1854 – Paris, 1924)

Numismate, glyptographe, archéologue, historien de l’art, directeur du Cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale.

Né dans une famille modeste d’agriculteurs et de couteliers, il effectue ses études secondaires au petit séminaire de Langres. Repéré pour ses qualités intellectuelles, il intègre l’École des Chartes (1874) et en sort avec le diplôme d’archiviste paléographe (1878). Recruté au cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale, il en devient en 1890 conservateur adjoint.

Il prend le soin d’acquérir l’érudition nécessaire à son nouveau métier en se formant à l’archéologie avec François Lenormant* tandis qu’il apprend des langues anciennes : phénicien, hébreu et surtout assyrien. Il effectue un voyage en Tunisie afin d’étudier la topographie de Carthage (1881) dans des fouilles archéologiques réalisées de concert avec Salomon Reinach*. À son retour en 1884, il rédige en moins de cinq ans, les trois derniers volumes de L’Histoire ancienne de l’Orient jusqu’aux guerres médiques pour lesquels son maître François Lenormand n’avait laissé aucune note. Il participe à la renaissance de la Revue numismatique - disparue en 1877 - qui gagne en prestige à être rattachée au Cabinet des Médailles (1883). Il publie alors de nombreux autres ouvrages au point d’apparaître à moins de 35 ans comme un grand spécialiste de la numismatique en archéologie.

Suite à la mort d’Henri-Michel Lavoix (1892), c’est naturellement qu’il est porté au poste de directeur du Cabinet des Médailles, fonction qu’il conserve jusqu’à sa mort. Ses nombreux ouvrages deviennent autant des outils de références que des classiques. Membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres en 1897 puis professeur au Collège de France (1902), il impose la numismatique comme science auxiliaire dans les domaines de l’histoire de l’art, de l’archéologie mais aussi de l’histoire politique ancienne. Refusant de choisir entre numismatique et archéologie, il devient le président du Comité des travaux historiques et se voit bientôt attribuer une chaire de numismatique antique et médiévale au Collège de France (1908). Par le biais de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, il a impulsé de nombreuses fouilles archéologiques en Orient. Durant la guerre, Babelon contribua au déplacement du Cabinet des Médailles dans son emplacement actuel, rue de Richelieu (1917). L’un de ses fils – Jean – en deviendra à son tour Conservateur en chef.

Julie d’Andurain

LE SUFFLEUR A., « Ernest Babelon (1854-1924) », Aréthuse, 1924, p. 113-140. DIEUDONNÉ A., « L’œuvre numismatique d’Ernest Babelon (1854-1924) », Revue numismatique, 1924, p. 145-204. CAGNAT R., « Note sur la vie et les travaux de M. Ernest Babelon », Bibliothèque de l'École des Chartes, 1926, 87, p. 5-19.



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