ARNALDEZ Roger

(Paris, 1911 – Paris, 2006)

Philosophe et islamologue.

Après de brillantes études à Paris, il enseigne comme professeur agrégé de philosophie au lycée de Mont-de-Marsan, puis au lycée français du Caire (1938-1939). Mobilisé comme officier, il est fait prisonnier, en 1940. Il va consacrer son temps de captivité au stalag de Stablack à des études de langue et de philosophie. Retourné au Caire en 1945, il se retrouve vite attaché culturel à l’ambassade de France, d’où il entretient des relations permanentes avec les shaykhs d’al-Azhar et les Dominicains de l’IDEO - surtout le Père G. Anawati*. De 1952 à 1955, il enseigne la philosophie à l’Université du Caire et participe, avec Louis Massignon* et Louis Gardet*, aux activités dialogiques de Dâr al-Salâm. Il soutient une thèse en Sorbonne Grammaire et théologie chez Ibn Hazm de Cordoue (Vrin, 1955) - sa thèse complémentaire est consacrée à Philon d’Alexandrie dont il publiera les œuvres (Cerf, 1961-1967). Il enseigne alors en France aux universités de Bordeaux, de Lyon (1956-1968) et de Paris-Sorbonne (1968-1978), où il accompagne de nombreux chercheurs étrangers en islamologie. Dans le cadre de ses recherches sur la spiritualité islamique, il publie successivement Hallâj ou la religion de la croix (1964), Mahomet ou la prédication prophétique (1975), une traduction de Qarya zâlima de Kâmil Husayn, La cité inique : récit philosophique (1973), L’homme selon le Coran (2003) et Les sciences coraniques : grammaire, droit, théologie et mystique (2005). On lui doit encore Les grands siècles de Bagdad (1985), Averroès, un rationaliste en Islam (1998), et Fakhr al-Dîn al-Râzî, commentateur du Coran et philosophe (2002).

Mais Roger Arnaldez est aussi un catholique convaincu engagé dans le dialogue interreligieux, d’où des ouvrages de recherche sur les convergences possibles entre les trois monothéismes : Jésus, fils de Marie, prophète de l’Islam (1980), Jésus dans la pensée musulmane (1988), Trois messagers pour un seul Dieu (1983), Réflexions chrétiennes sur les mystiques musulmans (1989), A la croisée des trois monothéismes : une communauté de pensée au Moyen-Âge (1993), Révolte contre Jéhovah : Essai sur l’originalité de la révélation chrétienne (1998), Chesterton, un penseur pour notre temps (2001) et Les religions face à l’œcuménisme (2003). L’homme était affable, et son immense érudition en fait un consultant important pour divers Instituts – notamment, au Vatican, le Secrétariat romain pour les Non Chrétiens. Élu en 1986 à l’Académie des Sciences Morales et Politiques (section de philosophie), il collabore aux travaux de l’Encyclopédie philosophique universelle. Il aura su introduire nombre de ses disciples à une connaissance sereine de la culture arabo-islamique, dans l’esprit de Louis Massignon* et de Georges Anawati*.

Maurice Borrmans

BORRMANS Maurice, « In memoriam Roger Arnaldez », Islamochristiana, 32, 2006. DELSOL Chantal, Notice sur la vie et les travaux de Roger Arnaldez (1911-2006), Académie des Sciences Morales et Politiques, 2008.



haut de page