(Testour, 1913 – Tunis, 2003)
Originaire de la petite cité andalouse de Testour, en Tunisie du Nord, il accomplit ses études primaires à Béjà avant d’intégrer le cursus du collège Sadiki, à partir de 1928. Orienté vers l’École supérieure de langue et littérature arabes de Tunis, il passe en 1935 du statut d’élève à celui d’enseignant. En 1942, il devient responsable de la conservation du secteur arabo-islamique de la bibliothèque El-Attarine, future Bibliothèque nationale de Tunisie. Cette expérience lui permet de tisser des liens forts avec des islamologues réputés comme Évariste Lévi-Provençal*. Proche de ce milieu, Louis Poinssot*, prédécesseur de Gilbert-Charles Picard* à la direction des Antiquités, se montre favorable au développement des études d’histoire médiévale en Tunisie, et trouve en Zbiss un vis-à-vis intéressant. Autodidacte dans ce domaine, Zbiss décide de fournir ses lettres de noblesse à l’archéologie islamique tunisienne. Il devient de la sorte le premier Tunisien à intégrer la direction des Antiquités en tant qu’inspecteur du département d’archéologie musulmane (1948).
Les sites de Raqqadah, Mahdia, Sabra Mansouriyah ou Tunis font alors l’objet d’importantes investigations et certains monuments prestigieux comme la mosquée de la Zitouna, ou les ribat de Mahdia et de Sousse, seront restaurés sous sa direction. Par ailleurs, il lance, sur le modèle des corpus des inscriptions latines et sémitiques, la publication du Corpus des inscriptions arabes de Tunisie qui fournit aux épigraphistes un outil particulièrement précieux. Il est, en outre, l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages consacrés aux monuments islamiques du pays, écrits en arabe et en français : Les monuments d’époque husseinite en Tunisie (1955), Les monuments musulmans de Tunisie (1963), ou encore Les monuments de la médina de Tunis (1981). Cet archéologue s’est fait le défenseur et le publiciste du patrimoine arabo-musulman de son pays : auteur de plusieurs guides touristiques - comme Sidi Bou Said (1971) -, il s’est également distingué par son œuvre radiophonique : entre 1945 et 1973, il tient une chronique hebdomadaire sur l’histoire tunisienne destinée à un large public. Promoteur de l’archéologie islamique tunisienne, Zbiss s’en est fait l’ambassadeur à l’étranger à l’occasion de nombreux congrès ou colloques internationaux où il a représenté les couleurs de la science nationale dans divers organismes spécialisés. Moderne dans sa conception de l’archéologie, il est le seul spécialiste issu du monde arabe à avoir signé la Charte internationale de Venise pour la conservation et la restauration des monuments et des sites (1964). Ses origines familiales le ramènent, à partir des années 1960, vers l’étude du patrimoine andalous et notamment des mosquées de Testour et de Soliman. œuvrant pour le développement des recherches dans ce domaine, Zbiss parvient à mettre sur pied le Centre des études hispano-andalouses à Tunis, en 1972. Cette institution connaît une activité soutenue sous sa présidence, jusqu’en 1983, date à laquelle paraissent les Actes du IIIe Colloque tuniso-espagnol dressant le bilan d’une quinzaine d’années de recherches. La relève est assurée par de jeunes spécialistes formés par ses soins, tels que Abdel-Hakim Gafsi ou Moheidine Boughanmi. L’archéologue achève sa carrière doublée d’une recherche identitaire par un ouvrage sur sa ville natale et ses habitants : Testour et les Testouriens (1998).
Clémentine Gutron
Mélanges d’archéologie, d’épigraphie et d’histoire offerts à Slimane Mustapha Zbiss, Tunis, INP, 2001. Site Internet (réalisé par sa petite-fille, Hanen Zbiss).