JARGY Simon

(Mardin, Turquie, 1920 – Gex, Ain, 2001)

Ethnomusicologue orientaliste.

Né dans une zone sous occupation militaire française, rattachée à l'époque à la Syrie, le jeune homme grandit dans un environnement très marqué par le christianisme syriaque, ce qui se ressentira dans ses écrits. Il entreprend des études à l'Institut bénédictin de Jérusalem qu’il poursuit au séminaire syrien-catholique de Charfet (Liban). Inscrit à l'Institut catholique de Paris, il soutient en 1951, à l'Ecole pratique des hautes études, une thèse sur Le monachisme syrien des origines à la conquête arabe.

Réorientant alors sa recherche vers l’étude de la poésie populaire chantée, il entreprend pour le CNRS, en 1954-55, puis en 1958, plusieurs missions de collectage au Liban, en Syrie et en Irak. Il en tire un article dans la revue Orient (1958), puis un ouvrage, La poésie populaire traditionnelle chantée au Proche-Orient arabe (Mouton, 1970), où sa traduction des textes vernaculaires montre sa totale maîtrise des dialectes locaux. Mais les entrées "Musique libanaise" et "Musique syrienne" qu’il rédige pour l'Encyclopédie de la musique (Fasquelle, 1958), qui se limitent à l’examen de son champ de spécialité du christianisme oriental, sont des textes réducteurs à bien des égards.

En 1964, il est nommé professeur d'islamologie et des études arabes à l'université de Genève. Il organise dans cette ville, en 1970, le premier concert européen de l'Irakien Munir Bachir, future vedette de luth arabe, concert immortalisé par un disque (Emi-Pathé) dont Jargy signe le texte d'accompagnement. En 1971, La musique arabe, en « Que sais-je ? », connaît un succès considérable : 23 000 exemplaires, plus une traduction arabe (Jounieh, Liban), ce qui est un record pour ce genre de littérature.

Dans ses dernières années, son intérêt se déplace vers la Péninsule arabique où il se rend régulièrement. Il publie avec Zakariyya al-Ansary un coffret d’Anthologie musicale de la Péninsule arabique (4 CD, Genève, 1994), dont il a enregistré la majorité des exemples musicaux. Parallèlement, il publie chez Hachette des ouvrages de portée plus générale sur la région : les premiers, Emirats arabes du Golfe (1976), Yémen (1978) et Koweit (1980) sont cosignés avec Alain Saint Hilaire. On lui doit encore les ouvrages : Syrie (Lausanne 1962), Guerre et paix en Palestine (Neuchâtel 1968), Islam et chrétienté (Genève et Paris 1981), qui n’ajoutent rien à sa gloire. Dans l'ensemble de sa production, c'est dans l'ethnomusicologie qu’il s’est le mieux illustré.

Christian Poché



haut de page