GOBERT Ernest Gustave

(Charly-sur-Marne, Aisne, 1879 – Aix-en-Provence, 1973)

Médecin, anthropologue, archéologue en Tunisie.

Arrivé en Tunisie en 1906, le jeune docteur Gobert est affecté dans le Sud auprès de la Compagnie des Phosphates Sfax-Gafsa (Tozeur, Redeyef) où il travaille notamment sur le typhus. De là, il contribue aux découvertes de Charles Nicolle, à l’Institut Pasteur de Tunis où il est nommé en 1912. De 1920 à 1935, il est directeur de l’hygiène et de la santé publique de la Régence - il apparaîtra dans Le Prince Jaffar de Georges Duhamel (1924) sous le nom du Dr Bernard.

C’est son activité médicale qui le conduit vers une approche anthropologique des populations qu’il soigne. Sa conclusion est à ce titre bien différente de celles de Topinard* : « C‘est dans leur manière de sentir, parce qu’elles sont peu communicables, dans leurs préférences sensorielles, dans leurs goûts, que les hommes et les peuples différent entre eux, beaucoup plus que par leur structure physique ». L’esthétique (la poterie et les tatouages- Gobert publie un article illustré par les dessins du peintre Alexandre Roubtzoff*), les parfums, l’alimentation, la magie et les croyances antéislamiques… Gobert s’intéresse aussi bien aux rites qu’aux objets et énonce la règle d’or de sa méthodologie : « laisser de coté et oublier nos propres croyances ».

Dans ses recherches sur la préhistoire, il découvre dès 1906 les gisements qui révèlent la civilisation du Capsien en Tunisie. A sa retraite, en 1935, il est nommé conservateur adjoint au musée Alaoui, actuellement musée du Bardo, et devient en 1948 inspecteur des Antiquités préhistoriques de la Tunisie. Chercheur boulimique, Gobert a légué ses collections d’objets ethnologiques au Bardo et au Musée de l’Homme à Paris - ses collections préhistoriques reviendront au Musée d’Histoire Naturelle d’Aix-en-Provence, où il s’installe en 1957.

En 2007, le Musée d’Aix a rendu hommage, par des expositions, à celui qui est aujourd’hui considéré, en Tunisie, comme « un des piliers-bienfaiteurs du musée national tunisien » (Taher Ghalia, conservateur en chef du musée du Bardo) et « un pionnier de l’enquête de terrain et de l’anthropologie culturelle et symbolique de la Tunisie contemporaine » (Mohamed Kerrou, Professeur d’anthropologie à l’Université de Tunis-El Manar).

Michel Mégnin

Coutumes et Décors de Tunisie. Sous le regard d’Ernest Gobert (1906-1958) [catalogue d’exposition], musée d’Histoire naturelle, Aix-en-Provence/Cérès, Tunis, 2007.



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