(Liège, 1907 - Liège, 1997)
Musicologue belge spécialisée dans le Proche-Orient ancien et plus particulièrement la Mésopotamie.
Née dans une famille de musiciens du côté de la mère, et d'enseignants du côté du père, elle suit des études d'histoire de l'art, avec une nette prédilection pour la musicologie sous l'autorité de Charles van Borren. Elle est parallèlement introduite à l'archéologie par Georges Dossin. En 1932, elle soutient son doctorat sur les instruments de l'Antiquité proche-orientale. En 1935, elle signe, dans Antiquité classique, conjointement avec celui qui deviendra son époux, l'iranologue Jacques Duchesne, son premier texte sur l'origine asiatique de la cithare grecque.
Sollicitée par Roland-Manuel, pour collaborer à l'Histoire de la musique de La Pléiade (1960), elle rédige le chapitre sur la musique en Egypte et en Mésopotamie anciennes, avant d’assumer la partie sur la Mésopotamie dans le Dictionnaire de la musique chez Bordas (1976). Dans ces deux contributions, elle parvient à s'affranchir de la description proprement organologique pour aborder une question plus complexe qui ne cessera de l'obséder. Il s’agit de la théorie musicale babylonienne que résument quatre tablettes cunéiformes mises au jour au Proche-Orient par différentes fouilles, dans différents lieux et à différentes époques (déposées dans les musées de Berlin, de Damas, de Londres et de Philadelphie). La plus récente, excavée en 1955 à Ras Shamra (Ugarit, nord de Lattaquié, Syrie) par la Mission archéologique française, est une tablette hourrite, datée de 1400 ans avant notre ère, d'une lecture des plus ardues : il y est question de concepts musicaux pouvant justifier l'existence d'une théorie musicale babylonienne.
Elle va s’attacher à les décrypter dans le cadre de nombreux articles et de deux publications : Le déchiffrement de la musique babylonienne (Rome 1977) et A Hurrian Musical Score from Ugarit : The Discovery of Mesopotamian Music (Malibu, Californie, 1984). Elle y déduit l'existence d'une notation musicale qui donne naissance à des schèmes mélodiques, qu'elle transcrit en notation occidentale et fait interpréter par un chœur. Le résultat qui est loin d'être convaincant, reflète un penchant ethnocentrique, dont elle se défend cependant, prenant aussi en compte les survivances orales du Proche-Orient. Ce déchiffrement a reçu une lecture différente chez chacun des spécialistes du Landerneau assyriologique. L'ensemble constitue une série d'hypothèses qui soulève la question de savoir si l'objet de la recherche est accessible, ou demeure désespérément insaisissable.
Marcelle Duchesne-Guillemin est également l'auteur d'un ouvrage sur Les instruments de musique dans l'art sassanide (Gand 1993) où elle défriche un terrain peu connu. Afin d'honorer sa mémoire, l’éditeur Peters, à Louvain, lui consacrera en 1999, un Monumentum Marcelle Duchesne-Guillemin où sont rassemblés ses plus importants articles.
Christian Poché