HICKMANN Hans

(Rosslaubei Dessau,1908 – Blanford, Dorset, Angleterre, 1968)

Égyptologue allemand, spécialiste de musique pharaonique.

Après de brillantes études musicales à Halle, il entreprend une carrière de pianiste, d'organiste et de chef d'orchestre. À Berlin, il se perfectionne aussi en musicologie et se voit confier une mission de recherches sur l'oasis de Siwa (Egypte), voyage qui va déterminer son avenir.

Débarquant en Égypte d’abord en 1932, il y revient dès 1933, pour y séjourner finalement 25 ans, poursuivant sur place une activité de pianiste, de chef d'orchestre, de conférencier et de producteur de radio. Très vite, il est attiré par l'égyptologie : il s'initie à la lecture des hiéroglyphes pour se consacrer à l'étude de la musique sous les pharaons, domaine quasiment vierge dont il va révolutionner l'approche.

Traitant de la musique pharaonique sous tous ses aspects : technique, instruments, danse, statut du musicien dans la société, il développe une intense activité éditoriale : 230 publications, parues pour la plupart dans des revues cairotes (elles sont rédigées pour moitié en français ; pour le reste en allemand ou en anglais et, plus rarement, en arabe), ou des œuvres de plus grande ampleur, comme La trompette dans l'Egypte ancienne (Le Caire, 1946) où il montre que l'instrument a davantage servi de porte-voix qu'il n'a été envisagé musicalement. Ses publications les plus importantes sont sans conteste le Catalogue général  des instruments de musique (Musée des Antiquités égyptiennes du Caire, 1949), et 45 siècles de musique dans l'Egypte ancienne (Paris, 1956, chez Richard Masse). Il annonce encore une Musique et vie musicale sous les Pharaons, un ouvrage en 3 volumes, qui ne verra jamais le jour.

L'originalité de sa démarche a été de tenter de rattacher le passé au présent en décelant des survivances dans le monde rural et parmi les Coptes. Il note ainsi que la chironomie, une technique de notation gestuelle par mouvement du bras et de la main, qu’on observe chez les Coptes, a pris naissance sous les Pharaons. Son intérêt simultané pour ces deux domaines devait logiquement déboucher sur l'étude de la musique arabe. Il rédige dans ce sens une Terminologie arabe des instruments de musique (Le Caire, 1947), polycopié. En 1970, Brill à Leyde publie de façon posthume un texte majeur : Die Musik des arabisch-islamischen Bereichs - il est un des premiers à utiliser l'expression "musique arabo-islamique", si courante de nos jours.

Directeur du Centre culturel allemand au Caire, il doit quitter le pays en 1957 pour raisons politiques. De retour en Allemagne, il est nommé professeur d'ethnomusicologie à l'Université de Hambourg. Il y a pour élève celle qui deviendra, en 1958, sa femme, Ellen Hickmann, grande autorité actuelle en matière d'archéologie musicale, ainsi que Lise Manniche qui a poursuivi son oeuvre en égyptologie musicale. Nommé directeur de la fameuse collection de disques Archiv Produktion de la Deutsche Gramophon Gesellschaft, il meurt d'un malaise cardiaque au cours d'une mission d'enregistrement entreprise pour cette firme dans le sud de l'Angleterre.

Christian Poché

ABOU GHAZI Dia, Vies et travaux de Hans Hickmann, Le Caire, Service des Musées, 1980.



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